Couze-et-Saint-Front, un petit village en lisière de Dordogne, au bord d’un ruisseau la Couze. C’est ici, dans ce vallon paisible, que se niche le Moulin de la Rouzique, un lieu plein de charme et de surprises, où l’on fabrique du papier à la main… comme au XVe siècle.
J’y ai passé l’après-midi, entre bruit d’eau, odeur de bois humide, machines d’un autre temps et feuilles de papier fraîchement pressées. Un vrai voyage dans le temps et une parenthèse ludique pour les curieux de tous âges.



Une vallée au fil de l’eau et du papier
Difficile d’imaginer qu’ici, sur ces derniers kilomètres de la Couze, on trouvait jadis une quinzaine de moulins à papier, regroupés près de la confluence avec la Dordogne. Ce n’est pas un hasard :
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L’eau de la Couze est pure et au pH neutre, parfaite pour fabriquer un papier d’excellente qualité
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Le débit du ruisseau permettait de faire tourner les grandes roues à aubes nécessaires au fonctionnement des machines.
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La proximité de la Dordogne facilitait le transport : les gabares acheminaient bois, charbon, chiffons… et ramenaient du papier jusqu’à Bordeaux.
Des chiffons… à votre carnet d’artiste
La visite commence par la base : la matière première du papier. Oubliez les arbres coupés — ici, on parle chiffon, récupération et recyclage avant l’heure. Le papier ancien est composé de fibres végétales extraites… des vieux vêtements usés !
Le travail commence donc par le tri, le découpage, et le délissage des tissus. Les ouvrières – les fameuses chiffonnières – transformaient les vieux linges en petits morceaux appelés pétassous, prêts à être broyés.



La magie des machines d’autrefois
J’ai adoré découvrir les machines historiques du moulin :
La pile à maillets : (reconstitution) bruyante, elle bat les chiffons dans des cuves pendant près de deux jours.
La pile hollandaise : une petite révolution du XVIIIe siècle. Plus rapide (30 kg de pâte en 14 heures), plus silencieuse, elle broie les pétassous entre des lames métalliques jusqu’à obtenir une pâte fluide et homogène.
L’atelier : là où naissent les feuilles
Et puis vient le moment le plus poétique de la visite : la fabrication de la feuille.
Dans l’atelier, la guide passionnée et passionnante – nous montre chaque geste :
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Puisage de la pâte à l’aide d’une forme à papier
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Couchage de la feuille humide sur un feutre en laine
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Pressage pour extraire l’eau
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Levage feuille par feuille, à la main
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Et enfin séchage, suspendues sur corde à l’étage du moulin, là où les interlats (ces volets verticaux typiques) laissent passer la brise…
Le tout du début de la fabrication à une feuille bien sèche il faut compter environ un mois.



Une visite ludique et sensorielle
Ce que j’ai vraiment aimé au Moulin de la Rouzique, c’est que tout est à la fois pédagogique et vivant. On peut toucher, sentir, écouter… et même fabriquer sa propre feuille de papier pendant l’atelier !
Les enfants adorent, les adultes aussi. Et on ressort avec une autre vision du papier, bien loin des ramettes blanches de bureau.
Infos pratiques
? Moulin de la Rouzique – Couze-et-Saint-Front
? Ouvert d'Avril à Octobre
?️ Visites guidées + ateliers (durée environ 1h15)
???? Idéal en famille
? Boutique pleine de trésors artisanaux (carnets, papiers faits main, encres naturelles…)
Vous ne verrez plus jamais une feuille de papier de la même manière…