Redécouvrir l’histoire de notre belle région est toujours un moment privilégié. Au fil des randonnées, certains villages invitent naturellement à la pause, tant ils respirent le patrimoine. C’est le cas de Molières, petite bastide discrète mais passionnante, où chaque pierre raconte un pan du passé.
Molières, une bastide pas comme les autres
Comme beaucoup de bastides, son plan en damier est rigoureusement respecté : rues à angles droits, ruelles étroites appelées carreyrous, et une vaste place centrale prévue pour accueillir foires et marchés. On y trouve un seul couvert – appelé ici « porche » ou la "maison du Bayle", vestige des anciennes échoppes protégées de la pluie.
Mais à la différence de ses voisines Monpazier ou Beaumont, Molières n’a jamais été fortifiée. Une absence de remparts qui l’a rendue vulnérable, notamment durant la guerre de Cent Ans. Pour se protéger, la population comptait sur son église, étonnamment grande pour un si petit village. Deux tours, un escalier secret, un puits intérieur : tout était pensé pour y trouver refuge en cas d’attaque. Des éléments qui témoignent d’un projet ambitieux, bien plus structuré qu’il n’y paraît au premier regard.



Des ruines qui en disent long
À Molières, les ruines du château attirent tout de suite le regard. Construit à partir de 1314 sur ordre de Guilhem de Toulouse, sénéchal du Périgord, pour le roi d’Angleterre Édouard II, ce château devait être une véritable forteresse : 40 mètres de côté, des tours à chaque angle, un donjon central, un puits profond de 13 mètres et même un chemin de ronde.
Mais faute de moyens, la construction s’arrête dès 1320. Le site est partiellement remanié à la Renaissance, puis vendu comme bien national à la Révolution. Le nouveau propriétaire en démonte progressivement les pierres pour les revendre.
Aujourd’hui, bien que privé et fermé au public pour des raisons de sécurité, le château est encore visible de l’extérieur. Et lors des Journées du Patrimoine, il reprend vie grâce à des bénévoles passionnés qui font revivre son histoire à travers des visites théâtralisées.
Quand l'histoire laisse place aux légendes...
Mais ce qui fait vraiment le charme de Molières, c’est ce sentiment de sérénité qui s’en dégage. Ici, on prend le temps. On déambule dans les ruelles paisibles, on s’imprègne des vieilles pierres, on écoute les histoires que les murs semblent encore murmurer.
Parmi ces histoires, celle de la Reine Blanche ne cesse d’intriguer. On raconte qu’une femme aux longs voiles blancs hanterait encore les ruines du château. Il paraît qu’une nuit de pleine lune, certains ont vu une silhouette flotter entre les pierres. Ce serait Blanche de Bourbon, épouse rejetée du roi de Castille Pierre le Cruel, qui aurait été envoyée à Molières, sans doute retenue captive dans le donjon de la forteresse. Selon le mythe local, elle aurait été empoisonnée ou même précipitée dans un puits.



Découvrir Molières autrement
Molières est aussi une étape sur le chemin d’Amadour, un itinéraire de randonnée qui relie les bastides du Bergeracois à Rocamadour. Les marcheurs qui y passent évoquent souvent un sentiment de calme et de plénitude, une impression d’être “hors du temps”, dans une parenthèse bienvenue entre deux étapes plus connues.
Lors des Journées Européennes du Patrimoine les habitants ressortent les costumes d’époque et replongent Molières dans son passé médiéval. Et cerise sur le gâteau : le château, habituellement fermé au public, ouvre exceptionnellement ses portes pour cette journée hors du temps !
Alors, prêt(e) à laisser Molières vous surprendre ?