À table seigneurs et gentes dames !

Je vais vous conter mon expérience mais attention, ici, on ne déguste pas : on imagine, on écoute, on voyage à travers les récits ! 

Dès que je franchis l’entrée du banquet, une sensation étrange m’envahit. Est-ce l’odeur enivrante des épices, le crépitement du feu dans la grande salle, ou simplement cette ambiance hors du temps qui me happe déjà ? Drapée dans mon costume d’époque, je fais partie des convives d’un véritable repas médiéval.

Une table où le rang dicte la place

Au centre de la grande salle, une immense table trône, imposante. Au milieu, le Seigneur, sa famille, figures d’autorité et de prestige. Plus on s’éloigne, plus le statut décline. Je trouve ma place parmi les invités en bout de table... 

Autour de nous, des chandelles projettent des ombres dansantes sur les murs en pierre. Les serviteurs arrivent, les bras chargés de plats fumants. 

Des rituels stricts avant de festoyer

Avant même d’effleurer un seul morceau de nourriture, un protocole précis doit être respecté. Il faut se laver les mains, couper ses ongles et surtout… se dégrafer la ceinture. Un détail qui en dit long sur l’opulence du repas qui m'attend. Rien ne doit entraver la digestion.

Et gare aux impairs ! Se gratter la tête ou, pire, sous ses vêtements est un signe évident d’impureté (et de poux, autant dire un crime social). Cracher à table ? Inenvisageable, à moins de vouloir s’attirer les foudres du Seigneur. J'essaye de bien me tenir ! 

Sept services pour un banquet royal

Devant moi, un tranchoir, ce morceau de pain rassis qui sert d’assiette. Pas d’assiette en porcelaine ni de fourchette, seulement une cuillère, un couteau et un verre. La simplicité des couverts contraste avec la générosité du repas.

1er service : la mise en bouche
Viande fumée, fruits de saison, un air d’apéritif avant l’heure. Les saveurs sont brutes, riches en épices, et chaque bouchée donne l’impression de remonter le temps.

2ème service : la soupe
Un bouillon de volaille chaud, réconfortant. Simple mais efficace, parfait pour préparer l’estomac aux plats suivants.

3ème service : le potager
Un pot-au-feu généreux, mijoté lentement, révèle des notes profondes et intenses. Les légumes utilisés ? Tous sauf les pommes de terre ni les légumes poussant sous terre, considérés comme impurs et réservés aux pauvres.

4ème service : les poissons
Une vraie surprise dans ce menu, tant les épices et la cuisson maîtrisée transcendent chaque bouchée.

5ème service : les rôtis
Le moment tant attendu ! Ici, pas question de tout goûter, seuls les morceaux déposés devant moi sont permis. Le reste, réservé aux autres convives, me fait envie, mais les règles sont claires.

6ème service : la desserte
Le festin touche à sa fin, et les derniers mets sucrés/salés viennent ponctuer ce voyage gustatif. Autour de moi, les conversations vont bon train. Rires, discussions animées, tintement des verres… On vit le repas autant qu’on le déguste. Chaque instant est une plongée dans une époque où le repas est plus qu’un simple moment de consommation : c’est un rituel, une démonstration de richesse, un moment de partage.

7ème service : le vin épicé
Ce dernier service sera servi dans les appartements privés, loin de l’effervescence de la grande salle... Ce sera un vin épicé, hypocras, hydromel… de quoi faciliter la digestion après ce banquet gargantuesque.